jeudi 22 décembre 2005

Spiritualité et morale : un exemple contemporain d’une libération nécessaire.

Les théologiens qui travaillaient autour du Concile Vatican II ont eu maintes fois l’occasion de déplorer la fragmentation de l’acte théologique en de multiples micro-disciplines de plus en plus spécialisées qui ne communiquaient plus entre elles. Bernard Häring ou Servais Pinckaers l’ont souvent souligné dans leurs travaux. Un exemple de cette parcellisation des champs du savoir théologique est l’étanchéité bien problématique entre théologie morale et vie spirituelle du chrétien. C’est un exemple ancien, mais qui retrouve malheureusement une certaine actualité.

Nous voudrions en donner ici un seul exemple qui voudrait attirer l’attention sur l’indispensable ressourcement de la morale aux dons gracieux de notre Dieu qui libèrent des entraves liées aux déterminations de la condition humaine. La liberté des Fils de Dieu offerte en la mort/résurrection de Jésus-Christ est le socle, le roc, la pierre rejetée, mais devenue pierre d’angle sur laquelle peut s’édifier une vie morale qui, surtout, ne s’épuise pas dans l’évaluation morale du sujet humain ausculté de nos jours par tant de spécialistes des obscurités du cœur « malade » (par ex. : Lam 5, 17) de l’homme.

Lorsque la morale entend aujourd’hui ne pas travailler en vase clos, mais s’assurer des compétences importantes bien que mondaines des recherches scientifiques, elle se tourne, par exemple, vers les « psychistes », pourrait-on dire, c’est-à-dire tous ceux qui ont pour métier le soin du cœur de l’homme malade et compliqué, à savoir ici le souci de sa vie psychique ou psycho-sexuelle. Notons d’abord que depuis Freud et aujourd’hui encore, ils ne sont pas d’accord entre eux. Les meilleurs acceptent d’ailleurs le dialogue et la confrontation. Notons ensuite qu’ils entretiennent parfois la confusion entre les lois de l’inconscient – d’ailleurs lesquelles, exactement ? – et la loi morale, comme si le glissement pouvait s’opérer ainsi en toute évidence sans en étudier les conditions. Même si, en toute hypothèse, ils sont capables de définir ce qu’est la juste structuration de la vie psychique de l’être humain vers l’amour objectal, cette colonne vertébrale manque de chair, ou plutôt la lettre manque d’esprit, ou encore la chair d’une présentation normée des choses ne va pas sans l’Esprit qui vivifie.

Cessons de jouer sur les mots et venons-en aux faits ! La réflexion des anthropologues, des psychanalystes, des théologiens sur la différence des sexes est actuellement très approfondie : Xavier Thévenot l’a abondamment traitée dans son œuvre remarquable et, aujourd’hui, sur la place publique ou la place médiatique, comme pour les théologiens-chercheurs, on ne peut que se réjouir de cette fructueuse collaboration entre réflexion théologique et sciences de l’homme. Cela n’implique pas pour autant que tout ait été dit et qu’il ne faille que réitérer sous la forme du rouleau compresseur des « acquis » qu’un praticien comme Freud a eu l’habitude de remettre vingt fois sur le métier au gré des cures menées au sujet de bien des aspects plus théoriques de son enseignement qu’il savait perfectible. La crise de la famille et des modalités traditionnelles de vivre en famille requiert plus que la reproduction usque ad mortem de quelques points de repères schématiques puisés çà et là et accommodés à ce que l’on pense être la juste interprétation de Freud étant entendu que le voisin dérape… Poursuivre la recherche ne mène pas nécessairement à la caution de comportements que l’on sait pathogènes, mais plutôt vers la proposition d’un soin proportionné aux grandes souffrances des sujets pluri-carencés que nous sommes souvent aujourd’hui, y compris les meilleurs spécialistes de la question ! On ne remédie pas à l’inédit de certaines situations en répétant le même : il s’agit de créer de l’Autre, d’autres solutions et issues pour « imaginer le préférable », comme le dit Olivier Abel.

Sur le thème de la différence des sexes, bien des auteurs se sont exprimés de façon très claire et en apportant beaucoup à la réflexion. Le risque est néanmoins qu’en enseignant la Loi, un tel enseignement professé du haut de la chaire psychanalytique soit purement et simplement rejeté, bien qu’il comporte des éléments parfaitement justes, informés et éprouvés de façon clinique, ou, en d’autres termes : si les personnes sont incapables d’en tirer des fruits dans leur vie quotidienne, si, de façon systématique, elles estiment – peut-être se trompent-elles – que cet enseignement ne les aide pas à progresser sur le chemin de la vie vertueuse, c’est que quelque chose bloque et, lorsqu’on est chrétien, on est obligé, lorsque quelque chose d’important coince de se poser la question : l’autre a-t-il toujours tort ? Freud ne disait-il pas qu’il n’y a pas de reproche adressé aux autres, mais seulement à soi ? Comment sortir de l’accusation mutuelle ? Comment atteindre une vérité tierce qu’une bipolarisation ruineuse pour tous ne permettra jamais d’obtenir[1] ?

C’est la raison pour laquelle nous voudrions proposer une piste de recherche, modeste et sans volonté de disqualifier les partenaires du dialogue trop souvent rompu sur ce point. Le sujet est trop délicat pour que nous nous enfermions dans les certitudes ressassées entre, d’une part, les tenants d’un « ordre symbolique » intangible et, d’autre part, les partisans d’une théorie queer que personne ne saurait interroger au nom de la modernité et de la libéralité des modes de vie les plus individualisés qui soient.

Et si la différence sexuelle ne se limitait pas à la différence des sexes ? Nous voulons dire par là que le thème sans cesse repris de la différence des sexes, même s’il est vrai, est entendu par les « opposants » comme une possible réduction à la différence anatomique ou biologique ou comme le pas vers un tel appauvrissement au mépris de l’histoire singulière de chacun. Or, il n’y a pas plus historique, plus incarnée que la présentation freudienne de l’évolution heureuse du sujet humain : si Freud a déclaré que « le destin, c’est l’anatomie », il a aussi avoué combien il était difficile de déterminer ce qui distingue le masculin du féminin[2]… On reprochait déjà à la conception de la nature dans la tradition aristotélo-thomiste d’être fixiste : mais n’est-il pas dans la nature de la fleur de naître, de vivre puis de mourir ? La différence des sexes comme composante indispensable du cheminement vers l’altérité n’est-elle pas rejetée trop vite, comme s’il s’agissait d’une résistance de ceux qui la refusent à l’indispensable castration nous obligeant chacun d’entre nous à quitter l’image de l’enfant tout-puissant que nous chérissons tant ?

Et si la différence sexuelle, c’était la part d’imprévisible, de heurts ou la capacité d’inventivité de la créature humaine dont la faiblesse se laisse soulever par la grâce ? Freud a autant écrit sur la structuration satisfaisante du sujet que sur ses nombreux déboires psychiques ! En tout cas se déclarait-il étranger à la question éthique qui captive tant aujourd’hui ses successeurs… Et si la différence sexuelle, c’était ce qui ne s’apprend pas dans les manuels de psychopathologie ou le DSM-IV[3] ? Et si la castration était accessible aux exclus des « bonnes mœurs psy » ? Quand même, dans les faits, ne le remarque-t-on pas aussi ? Et si la différence sexuelle, c’était la différence entre le normal souhaitable pour chacun et des formes de vie inédites, non répertoriées car la nature ne produit pas que des monstres… ? On dit même, en exagérant parfois, que la perle ne produit sa perle qu’après avoir été agressée…

Et si la différence des sexes n’était qu’un moment, privilégié, de la différence sexuelle, celle-ci voulant aussi prendre en compte ce qui fait qu’une histoire psychique n’est jamais identique à celle du voisin, quelles que soient les normes définissant la meilleure façon ou la façon la plus courante et la moins souffrante de traverser le conflit oedipien ? La différence sexuelle ou psycho-sexuelle serait la vraie différance pour l’écrire comme Jacques Derrida : elle seule créerait de l’altérité, l’altérité du visage, de la physionomie, du regard, des gestes, des âges, de la sexualité brisant l’enfermement du même et pas uniquement l’altérité organique.. Ce n’est pas là d’abord une question d’identité sexuelle hétéro homo ou bi ou quoi d’autre encore[4], c’est une question de sexualité pour éviter que la rotative fonctionnant au sujet de la différence de sexes ne nous rende homogènes les uns aux autres…

Ceci est une proposition pour avancer, pour tenter de jeter une passerelle entre des acteurs qui s’éloignent les uns des autres : il ne s’agit pas de pratiquer un forçage de théories qui s’opposent de toutes façons en allant glaner à tout prix ce qu’elles ont de commun, si elles ont quelque chose de commun : il s’agit de dépasser l’aporie en tant que deux vérités qui s’opposent en désignent une troisième qui est notre véritable cible. Si nous faisons cela, c’est pour mettre de l’esprit dans des théories claquemurées qui fonctionnent comme autant d’identités particulières… C’est aussi pour ne pas laisser ces questions à ceux qui voudraient les moraliser trop vite, c’est-à-dire en fait les durcir : des gens sont en cause car les actes sont posés par des gens qui cherchent un salut. Il s’agit d’abord d’aider et non avant tout d’avoir raison sur l’adversaire. C’est enfin une forme de spiritualité qui libère la morale ou l’éthique, peu importe, des constrictions qui la menace, lorsqu’elle se coupe de la source vive : la vérité n’est elle-même que lorsqu’elle rend libre ceux à qui elle s’adresse : « Lazare, viens dehors ! » (Jn 11, 43).


[1] Cf. Th. RADCLIFFE, Pourquoi donc être chrétien ?, Paris, Cerf, 2005.

[2] Cf. H. LISANDRE, Parole d’homme. Les gays sous le regard de Freud, Paris, Hachette/Littératures, 2005.

[3] Dictionnaire de psychiatrie.

[4] On sait très bien que, dans la cure analytique, l’expression « je suis hétéro » ou « je suis homo » traduit une étiquette sociale qui empêche l’analysant d’apprendre à parler…

dimanche 18 décembre 2005

Résumé de la conférence de Mgr Tony Anatrella à St-Séverin le 16 décembre 2005

Voici en résumé ce qui s'est dit à cette conférence (avec qqs commentaires perso. !) :

Tout d'abord, ce qui m'a frappé en arrivant c'est la présence de plusieurs policiers à l'extérieur. Comme on était en avance d'une demi-heure (ils avaient changé l'heure), j'ai marché dans le quartier, et dans une rue derrière St-Séverin, il y avait 4 cars remplis de policiers ! (ce qui est déjà hautement symptomatique et symbolique !)
En fait, il n'y avait aucune présence d'assoc. gays ni devant l'église, ni à l'intérieur, juste Jean-Marc et Théo qui distribuaient des tracts au contenu très soft (cf. http://gayanglican.blogspot.com/).
A l'intérieur de l'église à 20 h 30, il y avait déjà beaucoup de monde, dont une très grosse majorité de jeunes cathos. L'église était pleine, sans doute 200-250 personnes.
Après la récitation d'un Je vous salue, Marie et les présentations d'usage, le curé s'est senti obligé de dire qu'il y avait un service d'ordre civil dans l'église comme à l'habitude (!).
Anatrella (en col romain) a commencé sa conférence (lue debout à l'ambon !) en se présentant d'abord comme prêtre, mais en précisant qu'il était spécialiste de psychiatrie sociale et qu'il ne négligerait pas de s'appuyer sur des arguments de raison dans le domaine psychologique et sociale, et qu'il se référerait à bon nombre de praticiens en ces domaines (en réalité, du moins à l'oral il n'en a cité que deux : Freud une fois, et le Pr. Bergeret de la Société de psychanalyse de Paris qui pense comme lui !!!). Enfin, pour traiter de cette question "Quelle place pour les homosexuels dans l'Église ?", il ne fallait pas adopter une attitude sentimentale mais compassionnelle !
Après avoir rappelé que la place de chacun est entière dans l'Église de par le baptême, il a critiqué ceux qui rejettent certains enseignements de l'Église, en les opposants au Christ, car le Christ et l'Église, c'est tout un, et donc rejeter l'Église, c'est rejeter le Christ. C'est une manœuvre, selon lui, pour éviter les vérités objectives que l'Église transmet de la part du Christ (il oublie que certains enseignements de l'Église ont été contraire à l'évangile dans l'Histoire, et que depuis elle a changé sur certains points, mais bon, c'est un détail !...).
Puis, il a rappelé que Dieu s'adresse à chacun pour l'appeler à la conversion. Or, certains de ses patients homos viennent le trouver en ayant le désir de changer, et d'autres ne veulent pas, se résignant à "être comme ça". Or, il faut conduire notre vie dans l'esprit de l'évangile qui comporte une morale de liberté et de bonheur que l'Église est là pour nous transmettre si nous ne l'excluons pas. L'Église, elle, n'exclut personne mais transmet la vérité (sous-entendu, par sa bouche, évidemment !!!).
Que se passe-t-il quand une personne se découvre homosexuelle ?
Cette expérience psychologique est souvent faite, pour le sujet lui-même, d'inquiétude, de trouble, de sentiment d'étrangeté, qqch qu'il n'a pas choisi ; il craint d'être découvert et rejeté, il se met à part des autres ; le langage social sur les homos peut le blesser, mais ce n'est pas là le fond de son trouble, qui est plutôt l'angoisse de n'être pas comme les autres, de ne pas pouvoir rejoindre les personnes de l'autre sexe. D'où une tendance à s'isoler, à se dévaloriser, à flirter avec le suicide, ou bien à avoir des attitudes agressives. Il est donc indispensable de faire cesser cet état morbide. Mais la solution est dans le soin et la réflexion et non dans l'agir, c'est-à-dire dans le fait de passer à des actes impulsifs. Plus on est jeune, plus il faut être attentif à ne pas bloquer son évolution dans une situation insatisfaisante et handicapante (ce sont ses propres adjectifs)(par là, Anatrella veut minimiser les effets de la pression sociale sur les homos. pour mieux montrer que ce dont ils ont besoin c'est moins de tolérance de la part de la société que de soins et de réflexion). "J'ai rencontré des personnes homosexuelles malheureuses, ou bien d'autres qui s'accrochent et qui ont le courage de se faire aider".
Ensuite, il a parlé des parents, de leur difficulté à accepter la situation, de leur sentiment de culpabilité d'avoir raté qqch dans l'éducation, de leur déception de ne pas avoir de petits-enfants, etc... Et il a précisé que le mariage homo. et l'adoption ne changeront rien à l'ampleur du problème. Il s'est par ailleurs vanté d'avoir servi plusieurs fois de médiateur dans des familles où cela se passait mal entre les parents et l'enfant homo.
Comment une tendance homosexuelle se développe ?
Tout d'abord, il a critiqué le mot même d'homosexualité à partir de l'étymologie : "homo-" signifie "même" et sexualité vient de secare qui signifie "couper, séparer", d'où "séparer du même", or l'homosexualité, c'est justement l'incapacité à se séparer du même ; donc, il vaudrait mieux parler d'homoérotisme, selon le Pr Bergeret, qui renvoie mieux à cette "forme de sexualité incohérente" (!)
Or, l'ouverture à l'altérité est indispensable pour accéder à la vérité de l'amour, qui implique toujours distinction et altérité. le Tout-Autre renvoie à l'autre sexe. Or,celui qui recherche le même sexe, recherche non l'ouverture à l'altérité mais la complétude narcissique. La notion de couple est alors détournée, car il n'y a que l'homme et la femme qui "copulent" a-t-il ajouté.
De même, l'homoparentalité est un mauvais mot qui détourne la parentalité de son vrai sens qui est toujours un papa et une maman. Avec l'homoparentalité, on se prépare des violences semblables à celles des violences urbaines qui ont eu lieu récemment, pas seulement pour des raisons économiques comme on veut nous le faire croire, mais à cause de l'architecture urbaine des années 70 : de même que cette architecture a détruit le lien social, de même les lois sur le mariage et l'adoption homo. vont nuire au lien social, d'où on se prépare les mêmes violences dans 10, 20 ou 50 ans (ce qu'il ne dit pas évidemment, c'est que le mariage et l'adoption homo concerne une infime partie de la population, ce qui n'est pas le cas des banlieues ; et puis, la comparaison est totalement absurde, même si on n'est pas d'accord avec le mariage et l'adoption homo). Avec les lois pour le mariage et l'adoption homosexuels, on déstabilise le corps de la société : la violence s'accroît, car on touche à des principes de l'édifice symbolique. Si on touche à ces lois, alors les autres lois n'ont plus de sens. Les lois actuelles desservent ce que l'humanité a mis des siècles à construire.
On peut reconnaître l'homosexualité, mais on ne peut reconnaître les couples et l'adoption homo.
Le couple et la famille appartiennent au bien commun de l'humanité. On prépare de graves déséquilibres et désordres si on touche aux invariants humains que sont la prohibition de l'inceste, du meurtre et les lois de la filiation et de la génération.
Selon lui, il est nécessaire de faire toute une étude du langage par rapport au politiquement correct qui manipule les mots pour masquer ces graves problèmes
Puis il est revenu à la question "Qu'est-ce que l'homosexualité ?" L'homosexualité est une attirance pour les personnes du même sexe, qui est le résultat d'un conflit psychique, d'un trouble de l'identité sexuelle, comme l'exprime un manuel de psychiatrie, même si ce n'est pas une maladie (a-t-il cru bon de préciser !)
L'homosexuel a une attente affective importante, d'où la multiplication des partenaires et les passages à l'acte compulsifs.
Il existe trois sorte d'homosexualité :
- réactionnelle : attrait esthétique pour les personnes de même sexe
- accidentelle : tendance passagère
- structurelle : tendance profonde liée à des problèmes dans les différentes phases de la sexualité infantile.
L'origine psychologique est davantage probable que génétique.
"Que se passe-t-il psychologiquement ?" A la naissance, nous avons tous une identité objective, homme ou femme, mais il existera par la suite, une multitude de tendances sexuelles. L'homosexualité est le résultat des pulsions partielles (sadiques, scopiques, anales, etc.) qui ont normalement vocation à être sublimées et qui sont restées à un stade infantile (d'où les pratiques SM, le voyeurisme, la pornographie, etc.). Or, les modèles sexuels qu'on nous propose aujourd'hui mettent en valeur ces pulsions partielles de l'enfance : ce sont donc des modèles régressifs qui ont une vision enfantine de la sexualité. Le refus du discours moral de l'Église est en réalité un refus de voir ces limites infantiles.
"Dans le meilleur des cas" (sous-entendu l'hétérosexualité), l'identité sexuelle et la pulsion sexuelle s'articulent ; d'où la qualité de la relation dont est alors capable le sujet. Or, dans l'homosexualité, il y a conflit psychique entre le corps objectif et le corps subjectif. Par un défaut de symbolisation, l'homosexuel en reste aux états premiers de la vie affectivo-sexuelle. La fixation homosexuelle peut être précoce, mais on devient homosexuel, on ne naît pas homosexuel.
Bon, ensuite, il a développé toute l'évolution psychique bien connue avec la question du choix d'objet, comme identification homosexuelle que nous connaissons tous dans notre développement psychique infantile et dans le processus d'identification ou pas au parent du même sexe et de rivalité ou pas avec l'autre sexe. Bref, "l'homosexualité est le résultat d'un conflit oedipien pas résolu" !
En conclusion de cette partie, il a rappelé qu'il y avait deux identités sexuelles différentes (mâle / femelle), mais que l'homosexualité n'était pas une identité, mais une tendance. "Il est aberrant de reprocher aux personnes homosexuelles leur tendance, nous avons tort de leur reprocher, car ce fait ne relève pas d'un choix rationnel, mais d'une orientation pas résorbée d'un problème psychique. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas changer"
"Aujourd'hui, nous sommes dans un contexte d'intolérance : les spécialistes, mes collègues, ne s'expriment plus sur le sujet à cause des menaces de procès" ; il existe maintenant dans notre pays une police des idée, des tribunaux d'exception : ce n'est plus la démocratie" (!!!)
"Je reçois en consultation des hommes et des femmes de tous les âges. L'homosexualité n'est pas une sexualité alternative à égalité avec l'hétérosexualité. Cela ne retire rien à la valeur et à la qualité des personnes homosexuelles que nous avons à respecter, mais on ne peut accepter l'équivalence avec l'hétérosexualité. Il faut refuser la moquerie, mais laisser la porte ouverte à une évolution possible. Notre liberté peut lutter contre les déterminismes contrairement aux animaux ; nous avons à nous prendre en charge comme sujet, et nous pouvons grandir et changer grâce à la psychothérapie.
L'Église et l'homosexualité.
- point de vue anthropologique : seule la différence sexuelle permet la relation humaine. Or, l'homosexualité reste limitée à son propre sexe, elle ne recherche pas l'autre, elle n'est pas significative mais négatrice de toutes les différences. (Ici, il s'oppose à la théorie du gender)
"Quand on n'a pas le sens de la différence sexuelle, on n'a pas le sens de la vérité objective".
- point de vue spirituel : le Christ soutient l'homme et la femme par le sacrement du mariage.
Dans le récit de Sodome, les messagers de Dieu sont réduits à la volonté des hommes.
En niant la différence des sexes, on nie l'altérité sexuelle et l'altérité de Dieu. Il y a confusion des genres et des identités. or, il faut se libérer de la confusion.
Dans le livre du Lévitique, on parle de l'homosexualité comme d'une "abomination" : le mot hébreu est de la même racine que "tohu-bohu" = le chaos, la confusion.
Nier la différence des sexes, c'est nier le Créateur. Or, la relation spirituelle pour rencontrer Dieu s'appuie sur cette différence.
L'Église accueille les personnes homosexuelles et celles-ci sont invitées à participer au Peuple de Dieu.
Le Catéchisme distingue la tendance homosexuelle et les actes homosexuels. Ces derniers sont proscrits : c'est une exigence difficile à entendre et qui fait souffrir ; il faut la communiquer dans un esprit de charité, mais celui-ci ne dispense pas de la vérité pour le service de la liberté.
Le sacerdoce, le diaconat permanent et l'homosexualité
Il serait malsain et inacceptable de conduire à la délation de prêtres homosexuels.
Mais on a eu tort de fléchir ces trente dernières années - les faits l'ont prouvé - sur la discipline que l'Église a toujours enseignée, à savoir le non-accès des personnes homosexuelles au sacerdoce, déjà au concile d'Elvire en 300.
"Il y a une incompatibilité foncière entre le sacerdoce et l'homosexualité"
Il rappelle que l'instruction romaine est le fruit d'un travail de 10 années - commandé par JP II - qui a conduit à de nombreuses consultations de spécialistes et à de nombreuses moutures. C'est une oeuvre collective.
A cause de ce texte, il reconnaît : "Votre serviteur en prend plein la figure, mais la plupart des psychanalystes sont d'accord avec moi pour dire que l'homosexualité est le symptôme d'un disfonctionnement psychique" . Il se réfère aux psy. de la Société psychanalytique de Paris et à la Société internationale de psychanalyse qui d'ailleurs, rappelle-t-il, ne permet pas à un homosexuel d'être psy. (ce qui dans les faits est faux : il y a des homos psy., même dans la SPP et la SIP), "car comment qqn qui a un blocage dans son évolution psy. pourrait aidé d'autres personnes à évoluer".
Mais la raison essentielle pour laquelle un homo. ne peut accéder aux ordres sacrés est la suivante : "on doit s'engager par don de soi et non par déni de l'autre sexe ou par inhibition par rapport à cet autre sexe. L'Église a besoin d'hommes qui aiment les femmes et qui sont capables de se marier".
Le Christ incarne l'universalité de la condition humaine, le prêtre doit donc pouvoir être capable de faire de même, ce qui n'est pas le cas pour une personne homo. qui ne peut manifester alors le lien sponsal du Christ avec l'Église, puisqu'il n'est pas capable d'avoir de relation avec les femmes. Il ne peut aussi être capable de paternité spirituelle. Or, "comment proposer et faire vivre aux autres ce qu'on ne vit pas soi même ?"
Conclusion : La grâce est toujours proposée, notamment à travers le sacrement de réconciliation et de l'eucharistie, mais nous avons, dans notre espace de liberté, à accepter devant Dieu nos limites sans être complaisants avec nous-mêmes. "Je ne suis pas venu pour les biens-portants, mais les malades", c'est-à-dire les pécheurs, chacun de nous. Le Christ nous appelle à la conversion = nous libérer de la recherche du semblable.
Il n'y a pas d'exclus dans la Maison de Dieu, mais des condition précises d'accueil : la foi en Dieu a des conséquences morales qu'il faut assumer.
Anatrella a été très applaudi ; le jeune responsable du groupe "Semeurs d'espérance" a conclu en remerciant Mgr Anatrella de "nous avoir remis sur l'axe de la vérité" !
Henri de Portzamparc (http://20six.fr/homocatho/art/1076119#comm) qui était présent s'est manifesté en se levant et en criant qqch contre Anatrella, mais il a été immédiatement "gentiment" circonscris par le service d'ordre civil présent dans l'église.
Il n'y a eu place pour aucune question, aucun débat, aucun dialogue. Une messe, célébrée avec Anatrella, suivait immédiatement sa conférence.
Voilà en résumé ce qui s'est dit et passé.
N'hésitez pas à me demander des précisions en cas de besoin.